Animateur Natura 2000, un métier aux multiples facettes

© P. SYLVESTRE

Contributeur

Région Grand Est

Natura 2000

Publié le 17 janvier 2025

Concilier développement économique et préservation de la biodiversité, c’est le défi de Pierre Champagne, animateur Natura 2000 pour les sites ‘Bassigny Lorrain’ et ‘Gîte à chiroptères de la Vôge’ à la Communauté de communes des Vosges côté sud-ouest. Il nous dévoile les coulisses d’un métier essentiel, au service de la biodiversité.

De charpentier à animateur Natura 2000

Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel et de ce qui vous a amené à devenir animateur Natura 2000 ?

Après mon BTSA Gestion et Protection de la Nature, je n’ai pas tout de suite trouvé de poste dans ce secteur d’activité. J’ai en revanche eu l’occasion de travailler durant un an et demi en tant que charpentier. Enfin, cette opportunité d’intégrer un poste d’animateur Natura 2000 s’est présentée à moi, j’occupe maintenant ce poste depuis 6 ans.

En quoi consiste précisément votre rôle d’animateur Natura 2000 et quelles sont les compétences et qualités essentielles pour exercer ce métier ?

L’animateur Natura 2000 est multi-casquettes : il est à la fois facilitateur, porte d’entrée de projets sur site Natura 2000, il accompagne des pétitionnaires afin de limiter leurs impacts, il informe et sensibilise, il participe à des suivis, etc.

Pour exercer ce métier, il faut être autonome, force de propositions. Avoir un bon sens relationnel est un plus, ainsi que la connaissance du territoire, des rouages décisionnels et de ses acteurs. Il faut également être en capacité d’évaluer les enjeux environnementaux, posséder des connaissances naturalistes générales et les rendre accessibles par la vulgarisation.

Et une journée ou une semaine type, ça ressemble à quoi dans votre travail ?

L’organisation n’est pas la même en fonction des saisons. La période estivale est jalonnée d’activités extérieures, beaucoup plus qu’en période hivernale. Cela permet de programmer différemment les semaines, en fonction des périodes et des impératifs. L’organisation des journée se fait essentiellement en fonction des projets et des réunions techniques. Les demandes d’information sur la réglementation Natura 2000 et l’accompagnement de porteurs de projets sont récurrents, il faut prendre le temps d’apporter des éléments pour en favoriser la compréhension.

Au cœur de l’action : missions & projets

Pouvez-vous nous donner un exemple de projet que vous avez récemment mis en place dans le cadre de votre poste ?

Il n’est pas encore totalement mis en place, mais nous sommes en train de travailler avec notre prestataire à l’étude et l’extension des périmètres de gîtes à chiroptères. Après cette phase d’étude nécessaire qui devrait se terminer fin 2025, il faudra présenter les résultats et les expliquer, travailler avec les collectivités et les organismes socio-économiques afin de les sensibiliser et justifier cette démarche d’extension en faveur des chauves-souris

Quels sont les principaux défis rencontrés sur les sites que vous gérez ?

Faire entendre la voix de l’équité entre les différentes activités et la prise en compte des enjeux sur les sites Natura 2000. Il n’est jamais simple de concilier le développement économique et la préservation de la biodiversité, pour autant, c’est tout à fait essentiel et un des objectifs majeurs de ce dispositif, notamment grâce à la mise en place de contrats et/ou de chartes.

Travaillez-vous souvent en collaboration avec d’autres structures (associations, collectivités, agriculteurs, etc.) ?

C’est indispensable, les partenariats sont fréquents et nécessaires pour que les projets puissent aboutir. Il convient d’intégrer dès la genèse d’un projet les acteurs du territoire que l’on a identifiés.

Sensibiliser pour mieux protéger

Comment sensibilisez-vous les différents publics (habitants, agriculteurs, entreprises) aux enjeux biodiversité ?

J’utilise un certain nombre d’outils comme les échanges ponctuels sur le terrain, l’organisation de conférences ou encore la distribution dans les boites aux lettres d’un dépliant d’information 1 à 2 fois par an. Malgré tout, il n’est pas toujours évident de toucher certaines catégories d’actifs.

Qu’est-ce qui vous plait le plus dans votre métier ?

Le contact avec les collectivités, les habitants et les professionnels, confronter les points de vue, être capable d’entendre et comprendre les objectifs de chacun sans pour autant faire de la démagogie. La mise en place de projets structurants, d’aménagements en faveurs des espèces et/ou des habitats, de suivis écologiques, des animations, … Ce sont tout un tas de facteurs qui font que les journées se suivent et ne se ressemblent pas, c’est très important à mon sens, ça permet de s’y plaire et de ne pas se lasser du métier !