Ile de Chantecoq : les moutons, alliés des prairies
Sur le lac du Der, 200 moutons prennent le large chaque printemps pour rejoindre l’île de Chantecoq. Leur mission : entretenir les prairies.
Grâce à un nouveau contrat Natura 2000 de 81 000 € financé par la Région, ce pâturage naturel — essentiel à la biodiversité et aux oiseaux migrateurs — est assuré jusqu’en 2030.
Un refuge vital pour les oiseaux migrateurs
En période de migration et d’hivernage, les prairies de l’île offrent un refuge sûr pour de nombreuses espèces : grues cendrées, oies cendrées ou canards siffleurs y trouvent de la nourriture « en toute quiétude ». La présence de ces zones de gagnage au cœur du lac permet aux oiseaux de se nourrir sans quitter la réserve, réduisant ainsi leur dérangement, la pression de chasse et, dans une moindre mesure, les dégâts dans les parcelles avoisinantes. La conservation de ces prairies présente donc un enjeu fort pour la bonne fonctionnalité de la réserve et l’atteinte des objectifs Natura 2000 de ces sites, en particulier ceux concernant la préservation des oiseaux.
Une île difficile d’accès
L’entretien de ces prairies n’est pas simple : l’île n’est accessible que par bateau de mi-janvier à mi-septembre, compliquant la mise en place d’une gestion agricole « classique ». Chaque printemps, les moutons sont transportés en plusieurs allers-retours sur la barge jusqu’à la prairie de 28 hectares. Ils pâtureront sur l’île jusqu’à l’automne, puis rejoindront la rive en empruntant un haut-fond découvert lorsque le lac se vide progressivement, laissant la place aux nombreux oiseaux migrateurs.
Le pâturage, un outil de gestion éprouvé
Depuis plus de dix ans, la gestion des prairies de Chantecoq repose sur le pâturage extensif. Le précédent contrat Natura 2000, mené sur la période 2021-2022, avait permis d’assurer l’entretien des prairies grâce au pâturage de plus de 200 moutons pendant 4-5 mois ainsi que par le broyage des ronciers. Ce financement de 50 000 € provenait intégralement de fonds français.
En 2020, une étude floristique et phytosociologique commandée par l’Office français de la biodiversité (OFB) et réalisée par le bureau d’études Miroir Environnement** a confirmé les effets bénéfiques du pâturage. Elle a toutefois souligné les limites du dispositif, notamment la tendance des ronciers à s’étendre si les opérations d’entretien sont interrompues. Ce suivi scientifique a mis en lumière la fragilité du caractère prairial du site, qui pourrait rapidement évoluer vers une friche sans gestion active.
👉 Fort de ces constats, un nouveau contrat Natura 2000 a été validé pour la période 2025-2030. D’un montant de 81 000 €, financé en totalité par des fonds régionaux, il garantit la poursuite du pâturage et la conservation durable des prairies.
** Miroir Environnement (2020) – Note relative au suivi de la végétation des prairies pâturées situées sur l’île de Chantecoq Suivi floristiques et phytosociologiques, Année 2020 (8ème saison de suivi). 80 p