Le Pygargue prend son envol dans le Grand Est

Yathin S Krishnappa, Wikimedia Commons

Contributeur

Région Grand Est

Natura 2000

Publié le 14 décembre 2024

Revenu dans le Grand Est depuis 2011, le Pygargue à queue blanche s’est installé en Moselle Sud où un couple se reproduit régulièrement. Cette année encore, il a donné naissance à deux aiglons qui ont pris leur envol au début de l’été. Une bonne nouvelle pour la préservation du pygargue, inscrit sur la liste rouge régionale des espèces menacées en Grand Est en tant qu’espèce en danger critique d’extinction.

Le Pygargue à queue blanche, aigle de mer

Le Pygargue à queue blanche est un des plus grands rapaces diurnes européens, pouvant atteindre une envergure d’environ 2 mètres 50. Principalement piscivore, il occupe les grandes étendues d’eau douce ou salée. Faute de falaises côtières en Grand Est, il fréquente les zones riches en étangs et lacs à même de lui offrir le gîte (aire de branchages dans de gros arbres) et le couvert (carpes, Grèbes huppées, Grand cormoran, etc.).

© Parc animalier Sainte-Croix

Particulièrement erratique jusqu’à sa maturité, atteinte vers l’âge de cinq ans, le jeune pygargue peut parcourir des milliers de kilomètres avant de s’établir.

En Moselle, un couple historique et des nouveaux arrivants

Victimes de tirs de braconnage, d’empoisonnements et de la dégradation de son habitat, les pygargues à queue blanche avaient disparu dans les années 1950. Le premier couple de pygargues à queue blanche observé en France est bien connu pour sa fidélité à l’étang de Lindre (Moselle), qu’il fréquente depuis 2011. Une habitude qui fait de lui le couple nicheur historique et qui atteste du retour spontané de l’espèce en France.

Ce couple se reproduit régulièrement. En mars 2024, les adultes ont donné naissance à deux femelles, nommés Olympe et Mielle.


© Parc animalier de Sainte-Croix  – C’est la première fois qu’une vidéo de cette espèce en milieu naturel est tournée. La vidéo a été prise dans le cadre d’un programme de protection.

La présence d’un second couple de pygargues à queue blanche sur le secteur a dernièrement été confirmée. Au total, ce sont six couples nicheurs qui occupent le Grand Est, dont trois l’ancienne région Lorraine.

Un avenir entre espoir et vigilance

Liste rouge régionale oiseaux

L’avenir du Pygargue à queue blanche est loin d’être assuré sous nos latitudes.

Il est catégorisé   soit « en danger critique d’extinction ».

Voir la liste

Face aux enjeux de conservation de l’espèce, un plan national d’actions (PNA) dit « aigles pêcheurs », en faveur du Balbuzard pêcheur et du Pygargue à queue blanche a été lancé en 2020 pour une durée de 10 ans.

Il vise à favoriser le retour spontané de l’espèce en France continentale et à encourager le développement d’une population viable et pérenne, en particulier par l’amélioration de la qualité de ses habitats de prédilection et de la ressource trophique.

> Voir le diagnostic, les enjeux et les actions du programme

 

Les actions du PNA sont déclinées en région par les DREAL et les structures locales sous la forme de plans régionaux. L’association Lorraine Association Nature (LOANA) coordonne ce plan régional sur le territoire de l’ancienne région Lorraine depuis 2015 et à l’échelle du Grand Est depuis 2020. Plus d’infos : https://www.lorraine-association-nature.com/

Dans le cadre des projets de sauvegarde d’oiseaux protégés menacés, le recours à la télémétrie permet également de lutter directement contre les causes de mortalité liées à l’activité humaine. Dans les Ardennes, trois personnes ont ainsi été interpellées cet été après la mort suspecte d’un pygargue à proximité d’une zone d’étangs, retrouvé grâce à sa balise télémétrique. L’autopsie a révélé la présence dans son estomac de poissons recouverts de carbofuran, un insecticide interdit en France depuis 2008.