Les pelouses sableuses, trésors cachés du Grand Est

Corynephoretea © J. Murgier

Contributeur

Région Grand Est

Connaissance & donnéesEspèces & territoiresLIFE Biodiv’Est

Publié le 14 novembre 2025

[Espèces & territoires – Les pelouses sableuses 1/2]

Dans le Grand Est, entre forêts, plaines agricoles et vignobles, se cachent des milieux rares et insoupçonnés : les pelouses sableuses.

Armérie allongée (Armeria vulgaris). © Nicolas Steinmetz

Ces habitats, hérités de l’histoire géologique et parfois des bouleversements humains du XXᵉ siècle, se caractérisent par des sols pauvres, secs et instables.

On y découvre des paysages étonnants, où survivent des plantes inféodées au sable, comme l’Armérie allongée (Armeria vulgaris)  ou la Phélipanche des sables (Phelipanche arenaria).

👉 Véritables reliques écologiques, ces pelouses comptent aujourd’hui parmi les habitats les plus menacés du Grand Est.

Leur régression s’explique par la fermeture des milieux (embroussaillement), la prolifération d’espèces exotiques envahissantes, mais aussi par l’abandon des pratiques traditionnelles de pâturage qui contribuaient à les maintenir ouverts.

Un plan pour restaurer et reconnecter ces paysages oubliés

Lancé en 2024 dans le cadre du programme LIFE Biodiv’Est, le Plan Régional d’Actions (PRA) pour la conservation des dunes continentales et de la flore des milieux sableux du Grand Est est rédigé et animé par le Conservatoire botanique national du Bassin parisien et le Conservatoire botanique d’Alsace-Lorraine, avec le soutien de nombreux partenaires tels que les conservatoires d’espaces naturels et les institutions publiques. L’objectif est double : mieux connaître ces habitats fragiles et expérimenter des mesures de restauration adaptées.

Juliette Murgier, animatrice du PRA pour le Conservatoire Botanique du Bassin Parisien (CBNBP) © Audrey Billion

Cartographie des zones favorables à la présence de sites de pelouses sableuses à enjeux du Grand Est. ©Arthur Coutin

Parmi les pistes explorées :

> Mettre en place des suivis pour évaluer la dynamique des végétations et leur potentiel de recolonisation ;

> Expérimenter les méthodes de gestion les plus efficaces pour lutter contre les espèces exotiques envahissantes ;

> Identifier les sites prioritaires (y compris ceux intégrés dans Natura 2000) et soutenir les acteurs locaux pour leur conservation ;

> Tester la récolte et le réensemencement de graines locales afin de renforcer les populations existantes.

 

Des milieux exigeants pour une flore spécialisée

Composés presque exclusivement de sable, ces milieux imposent des conditions extrêmes : pauvreté en nutriments, sécheresse, instabilité…
Les plantes qui les colonisent ont développé d’ingénieuses stratégies d’adaptation : racines profondes ou ramifiées, cycle de vie précoce pour éviter la sécheresse estivale, feuilles fines limitant l’évapotranspiration.

© A. Guilbaud – CBAL

💡Le saviez-vous ? 

Les dunes continentales se sont formées il y a des millions d’années, façonnées par les vents et les cours d’eau. Contrairement aux dunes côtières, leur mobilité ne dépend plus du vent ou de la houle, mais de l’activité biologique (grattage des lapins, insectes fouisseurs…) ou d’événements météorologiques (arbre déraciné, ruissellement…). Aujourd’hui, ces facteurs naturels ne suffisent plus à maintenir ces milieux ouverts, face aux pressions humaines.

Le PRA vise à fédérer scientifiques, gestionnaires et collectivités autour d’un même objectif : donner un avenir à ces paysages rares et à leur biodiversité unique, afin qu’ils continuent d’exister comme témoins vivants de la richesse naturelle du Grand Est.


✨ A suivre : le témoignage de Nicolas Steinmetz, animateur technique du PRA pour la conservation des dunes continentales et de la flore des milieux sableux du Grand Est

👉 Lire l’épisode 2 :  « Conserver, c’est d’abord un compromis ! »