Mise en lumière de la tourbière de la Bouyère

Tourbière de la Bouyère (88)

Contributeur

Région Grand Est

Natura 2000

Publié le 12 mars 2024

Des travaux d’éclaircissement ont été menés en octobre 2023 sur le site de la tourbière de la Bouyère (88), située en zone Natura 2000. Une démarche initiée et portée par la commune de Jussarupt, en partenariat avec le Conservatoire d’espaces naturels de Lorraine (principal gestionnaire) et l’Office National des Forêts.

Une tourbière pas comme les autres, secrète et confidentielle

Nichée au cœur de la forêt de Jussarupt, la tourbière de la Bouyère apparaît comme une clairière lumineuse entourée d’une ceinture forestière. Avec une faible épaisseur de tourbe, son âge n’excède probablement pas les 1 000 ans ; c’est un phénomène rare dans le massif vosgien. D’autre part, malgré sa faible altitude (moins de 700 m), elle présente toutes les caractéristiques des tourbières des Hautes-Vosges. C’est également une des seules tourbières acides du canton de Bruyères.

   

© Hervé Parmentelat – vosges.net

Le site abrite une biodiversité remarquable avec pas moins de 240 espèces dont de nombreuses présentent un intérêt local, national, européen et/ou international. Parmi elles, on trouve :

> Des espèces inféodées aux milieux tourbeux comme la Droséra à feuilles rondes et la Droséra à feuilles intermédiaires, la Linaigrette vaginée, la Cordulie arctique (petite libellule véritable relique glaciaire), au moins 14 espèces de sphaigne, le Nacré de la canneberge…,
> Mais aussi la Listère à feuilles en cœur (discrète petite orchidée), des chauves-souris comme le Grand murin et la Barbastelle d’Europe, la Pie-grièche écorcheur, le Pic noir, le Chat forestier et bien d’autres espèces encore.
La Fourmi des bois nordiques y a même élu domicile alors que d’habitude, cette espèce, rare dans les Vosges, s’installe à plus de 1000 m d’altitude. Tout ceci contribue à faire de la Bouyère une tourbière haute exceptionnelle, ce qui a justifié son classement en site Natura 2000.

Une petite coupe s’impose !

La tourbière de la Bouyère demeure un site fragile qui nécessite une protection et une gestion régulière notamment pour éviter son enfrichement et la colonisation de ligneux. Il s’agit de l’évolution naturelle des tourbières mais qui peut provoquer la disparition de la flore et de la faune inféodées à ce milieu. Pour pallier cela, il est nécessaire de réaliser régulièrement quelques travaux d’éclaircissement sur les zones concernées.

Deux chantiers bénévoles ont été organisés en octobre 2023,  encadrés par deux agents du Conservatoire d’espaces naturels de Lorraine. L’objectif global était de rétablir des habitats favorables à l’avifaune, notamment à la gélinotte des bois et aux chauves-souris, mais également de favoriser le développement d’un écran protecteur arboré pérenne pour ces clairières et la tourbière « ouverte ».

Les travaux ont été menés sur deux zones :

1. Une boulaie avec la création de clairières au centre et un éclaircissement le long du chemin forestier. Le bouleau a été maintenu comme essence dominante en raison des enjeux faunistiques liés à sa présence. L’éclaircissement va permettre aux individus restants de grossir, de développer des branches et d’obtenir un peuplement hétérogène en terme d’âge, garant d’un écran protecteur pérenne pour le lieu.

2. Une zone forestière composée d’un mélange d’essences : épicéas issus d’anciennes plantations, saules, sorbiers, bouleaux, chênes… L’idée générale est de rouvrir le corridor de petites clairières qui existait par le passé et qui s’est progressivement renfermé afin d’une part, de retrouver un environnement favorable à l’avifaune (notamment tétraonidés, grives litornes et petites chouettes de montagne), et d’autre part, de permettre le maintien de certaines espèces végétales dont l’amenuisement des trouées provoque la disparition (exemple : myrtille). Bien sûr, le travail n’est pas terminé, mais une petite clairière a déjà revu le jour.

Ces éclaircissements ont également permis de créer d’autres habitats d’accueil, supports de vie et sources de nourriture : des tas de produits de la coupe, des troncs laissés entiers au sol, des arbres annelés pour créer des bois morts sur pied…
Tout n’est pas terminé, mais c’est un bon début. Un suivi des travaux va permettre de mesurer l’impact de ces derniers sur le site et d’affiner les prochaines interventions.