Plongée au cœur des mares du Grand Est

[Espèces et territoires – Les mares 1/2]

Les mares font partie de ces petits écosystèmes discrets mais essentiels. On en trouve au détour d’une prairie, en lisière de forêt ou encore au cœur des villages. Elles accueillent une flore et une faune exceptionnelles (libellules, amphibiens, papillons…) et jouent un rôle clé dans la régulation de l’eau. Pourtant, elles sont en net déclin : on estime que 30 à 70 % des mares ont disparu en France au cours du dernier siècle.

© Juliette Murgier

👉 Au-delà de leur richesse en biodiversité, les mares remplissent de véritables fonctions écologiques. Elles participent à la régulation hydrologique en stockant temporairement l’eau de pluie et en limitant les crues, elles contribuent à la filtration et l’épuration des eaux, favorisent le stockage du carbone et servent de points d’abreuvement naturels pour la faune sauvage comme pour le bétail. Autant de services écosystémiques qui profitent directement aux territoires et qui font des mares des alliées précieuses face au changement climatique.
Malgré ces rôles essentiels, les mares demeurent parmi les milieux les plus menacés. Elles font face à de nombreuses menaces : drainage et remembrement agricoles, comblement volontaire ou naturel, urbanisation, mais aussi pollutions diffuses et espèces exotiques envahissantes. Autant de pressions qui dégradent leur fonctionnement et appauvrissent la biodiversité qu’elles abritent.

311 mares étudiées dans le Grand Est

Pour mieux cerner ces enjeux, les Conservatoires botaniques du Bassin Parisien et d’Alsace Lorraine ont mené entre 2023 et 2024 un vaste inventaire de terrain. Résultat : 311 mares étudiées dans 41 régions naturelles du Grand Est, révélant 70 espèces végétales aquatiques, dont 15 patrimoniales comme la Morène (Hydrocharis morsus-ranae) ou encore le Potamot à feuilles obtuses (Potamogeton obtusifolius).

La Morène (Hydrocharis morsus-ranae), espèce protégée en Alsace et classée en danger critique d’extinction sur ce territoire. ©Juliette Murgier

Ces connaissances alimentent aujourd’hui l’élaboration du Plan Régional d’Actions (PRA) en faveur de la biodiversité végétales des mares du Grand Est, développé par la Région Grand Est dans le cadre du programme LIFE Biodiv’Est. Ce plan vise à :
– Poursuivre les inventaires floristiques et affiner la connaissance des végétations et de la flore des mares ;
– Engager des actions de restauration (lutte contre les invasives, etc.) et proposer des diagnostics de la flore et des végétations lors de travaux de gestion ;
– Encourager la création de nouvelles mares pour renforcer le maillage écologique ;
– Mettre à disposition des gestionnaires des outils pratiques pour la prise en compte de la flore (guides, notices, retours d’expérience).

Ce PRA vient compléter le PRAM (Programme Régional d’Actions en faveur des Mares Grand Est), porté par le Conservatoire d’Espaces Naturels de Lorraine, BUFO et le CPIE Sud-Soulaine. Là où le PRAM s’intéresse aux mares dans leur globalité, le PRA apporte un volet spécifique sur la flore et les communautés végétales. Les deux dispositifs se renforcent ainsi mutuellement pour préserver ce patrimoine naturel.

💡Le saviez-vous ? 

Une mare n’a pas besoin d’être permanente pour être riche !
Les mares temporaires, qui s’assèchent en été, abritent des plantes très spécialisées comme les Characées pionnières, de petites algues indicatrices d’eaux claires et peu perturbées. Leur présence est souvent le signe d’un milieu en excellent état écologique.

👉 En savoir +

Un plan d’action pour préserver les végétations des mares

Plaquettte PRAM

Bilan PRAM 2017-2018 en Champagne Ardennes

Guide technique – Création/Restauration des mares

✨ A suivre : le témoignage de Juliette Murgier, chargée de mission au Conservatoire Botanique du Bassin Parisien et animatrice du PRA en faveur de la biodiversité végétale des mares du Grand Est

👉 Lire l’épisode 2 :  « Les mares, des laboratoires vivants où s’exprime une biodiversité fragile »